au châtau de Ferney pays de Gex 9 janvier 1761
Mon cher ange aidez moy à vanger la patrie de l'insolence anglicane.
Un de mes amis, ami intime, a broché ce mémoire. Je m'intéresse à la gloire de Pierre Corneille plus que jamais, depuis que j'ay chez moy sa petite fille. Voyez si la douce réponse aux Anglais plait à madame Scaliger. En ce cas elle pourait être imprimée par Praut petit fils sous vos auspices. Sinon vous auriez la bonté de me la renvoyer, car je n'ay que ce seul exemplaire. J'attends aussi ce droit du seigneur que vous n'aimez point, et que j'ay le malheur d'aimer. Vous m'abandonnez du haut de votre ciel ô mes anges. Dites moy donc ce que vous avez fait de Tancrede; et de grâce un petit mot d'Oreste après quoy vous daignerez m'apprendre si nous aurons la guerre ou la paix.
A propos de guerre permettez que je vous parle de peste. Nous sommes menacez de la peste dans notre petit pays de Gex. J'ay pris la liberté de présenter requête contre elle à mr de Courteille. Je vous supplie d'apuier mes très humbles représentations. Il s'agit d'un marais plein de serpents qu'apparemment Fréron, Abraham Chaumey, Guion, Gauchat et les auteurs du journal crétien ont envoyez.
Mais que deviennent les yeux de monsieur d'Argental? Je suis plus inquiet d'eux que de ma peste.
Est il vrai qu'on a joué à Versailles femme qui a raison et que la Reine a été de l'avis de Fréron?
Avez vous lu l'ouvrageévangélique adressé à mon ami Guion sur l'ancien et le nouveau testament? Cela est poivré. C'est un petit livre excellent. Est il vray que le téologien de l'enciclopédie Morlet, ou mords les, en soit l'auteur? Quelqu'il soit son livre est brûlé et béni.
Comment sui-je avec m. le duc de Choiseuil? Quand revient le vainqueur de Mahom?
Ayez pitié de moi vous di-je auprès de mr de Courteil. Il est dur d'être pestiféré dans un châtau qu'on vient de bâtir.
A l'ombre de vos ailes.
Je versifie pour Clairon.
V.