1760-09-09, de Voltaire [François Marie Arouet] à Michel Lullin.

Mr,

Cette affaire n'est pas prête à finir.
Je rends compte à m. le duc de Choiseul & à m. le chancelier; j'écris à Lyon; j'y envoie deux lettres de Rigolet; il est d'ailleurs important d'avoir le manuscrit que ce malheureux a imprimé, & dont il a envoyé des exemplaires à Bardin. Il est nécessaire d'arrêter la source des poisons qui vont infecter votre ville. J'ignore sil le conseil communique aux juges de Lyon l'interrogatoire de Bardin; mais s'il ne juge pas convenable de faire cette démarche le magnifique conseil voudra-t-il bien avoir la bonté de me faire communiquer copie de cet interrogatoire afin que je la produise comme pièce authentique, en vertu de laquelle les juges de Lyon puissent empêcher désormais Rigolet & autres de faire passer à Geneve des libelles scandaleux; & me faire tenir le manuscrit de ces infâmes Dialogues paraphé & signé du lieutenant de police de Lyon? lequel manuscrit j'aurai l'honneur de vous remettre, me bornant à cette démarche, & m'en rementtant à la prudence du magnifique conseil. J'ai l'honneur d'être, avec bien du respect &c.