La Haye, le 26 d'août 1760
Monsieur,
Après la réception de la Lettre que vous m'avez fait l'honeur de m'écrire d ͞30 de Juillet, J'ai parlé au libraire de Hondt qui m'a dit, qu'on imprimoit ici toutes sortes d'histoires de différens Royaumes et Nations; qu'ainsi il croyoit pouvoir le faire aussi, pourvû qu'il n'y eût rien qui puisse déplaire aux Cours; protestant en même tems, qu'il se donneroit bien garde d'imprimer rien qui soit désagréable à Ma Cour. Surquoi je lui ai repliqué, qu'il courroit risque que cette édition lui resteroit sur les bras, quand on annoncera au public, que la véritable doit premièrement paroitre.
Il m'a promis de suspendre son impression; mais en même tems il a fort prié que puisqu'il fait ce sacrifice, on veuille bien lui accorder la préférence de faire imprimer par lui, cette véritable histoire, autrement il soufriroit très grand domage par sa déférence pour moi. J'ai informé S: E: Monsieur Le Chambellan de Schuwaloff de tout ceci; et j'attendrai les ordres de Ma Cour.
J'ai l'honeur d'être avec des sentimens très distingués
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
Cte: Golofskin