1760-05-04, de Jean François Joly de Fleury à Dominique Jacques Barberie, marquis de Courteille.

M.

J'ai reçu la lettre dont vous m'avés honoré le 26 mars der en me faisant part des plaintes qui ont été portées par Mr de Voltaire contre les officiers du Ba͞age de Gex au sujet des violentes poursuittes qu'il prétend être exercées par leur Greffier contre son fermier pour avoir payement des frais d'un procès criminel instruit contre le noe Ponchaud, suisse de Nation, le quel en poursuivant un particulier qui voloit ses noix lui donna un coup de sabre.

J'ai donné connoissance de ces plaintes aux officiers du Ba͞age de Gex qui y ont répondu par le mémoire que j'ai L'honneur de vous envoier.

Vous verrés Mr, que le Greffier du Baillage de Gex bien loin d'Exercer de violentes poursuittes contre M. de Voltaire ni contre son fermier n'a pas même fait signifier les Exécutoires qu'il a obtenus et qu'il s'est contenté de les co͞iquer amiablement.

Au fonds M. de Voltaire soutient que Laperriere, lieu du délit, est dans le territoire de Geneve et ne relève pas de sa haute Justice de Tournay. C'est là Effectivement le point décisif de la contestation; mais le fait contraire avancé par les officiers du Baillage de Gex est d'autant plus probable que par le jugemt définitif ils ont condamné le coupable en 300lt d'amande envers le seigr de Tournay et que ce jugement a été confirmé par arrêt; j'ai en outre fait vérifier L'Exposé de leur mémoire et j'ai apris qu'il méritoit toutte la confiance possible ayant été rédigé dans la plus scrupuleuse Exactitude. L'on m'assure d'ailleurs que M. de Voltaire s'est déjà donné beaucoup de mouvements pour faire rejetter les frais de ce procès sur Mrs de Genêve sous le prétexte que Laperriere est de leur directe, mais que sa prétention a été condamnée par Mr le Procureur Général du Parlement de Dijon qui en avoit pris connoissance.

Je suis &c.