Genève, 6 juin [1759]
Au moment que j'ai reçu votre lettre j'ai écrit à m. de Voltaire; il fera retirer le vin chez mm. Viala, etc.
Vous voiez par là que ce grand homme n'est pas mort. Dans quelque temps il paraîtra de lui une nouvelle tragédie, qui vous prouvera que son génie n'est pas mort non plus. Je passai, il y [a] quelques jours, chez lui le jour le plus agréable que j'aie passé depuis longtemps; le minois de ma femme le mit en train; il lui fit impromptu les plus jolis vers du monde; il fit le malade imaginaire de Molière à me faire mourir de rire. J'y vais aujourd'hui pour entendre chanter mademoiselle Fel qui donnera quelques concerts aux Genevois pour leur argent. Quand j'aurai goûté le vin muscat de Nimes chez m. de Voltaire, s'il est bon, je vous prierai de me dire ce que coûte la bouteille, et quels sont les frais pour le port, afin d'en faire venir quelques bouteilles.