aux Délices 19 may [1758]
Mon cher et respectable ami je bénis actuellement les anglais qui ont brûlé votre maison.
Puissiez vous être payé, et eux être confondus!
Pardon de vous importuner de l'enciclopédie. Vous aimeriez mieux une tragédie, mais il faut que je m'adresse à vous pour ne pas perdre mon temps. J'ay fait des recherches très pénibles pour rendre les articles histoire et idolâtrie intéressants et instructifs. Je travaille à tous les autres. Mon temps m'est très prétieux. Ce serait me faire perdre une chose irréparable, m'outrager sensiblement et donner beau jeu aux ennemis de l'enciclopédie d'avoir avec moy un mauvais procédé tandis que je me tue à faire valoir cet ouvrage, et à procurer des travailleurs. Je vous demande en grâce d'exiger de Diderot une réponse catégorique et prompte. Je ne sçais s'il entend les arts et métiers et s'il a le temps d'entendre le monde. Mon cher ange, vous qui entendez si bien l'amitié, vous pardonnez mes importunitez.
V.