1758-01-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Mon très cher correspondant, le départ de Monsieur l'abbé de st Germain des prez et les nouvelles mesures qu'on prend, ne laissent guères imaginer qu'on veuille entrer dans les sages mesures d'un homme que son esprit, ses lumières et son expérience devraient faire écouter.
L'humeur d'un côté, certain intérest de l'autre auront vraisemblablement plus de crédit de près, que la raison qui vient de loin. Quelque chose qui arrive, il faut se bien porter. Je vous prie de présenter mes respects à l'homme sage et respectable que vous savez, et de l'assurer de l'intérest que je prends à sa santé.

Quoy qu'il arrive à Shwednits, à Yablonska, à Zell, à Cassel, il me vient quatre gros flambaux d'argent à mettre sur un autel les jours de fête, avec les bobèches de même. Cela vous est adressé pour moy par le coche, et je vous prie de les adresser à votre correspondant mr Cathala, par la messagerie, avec prière à mr Cathala de les dépêcher sur le champ, par le coche à Lausane. Madame Denis fait de la maison de Lausane un petit palais. Elle me ruine en Suisse. Une parisienne porte Paris partout.

Quand vous serez de loisir ne m'enverrez vous pas le petit compte de votre client, correspondant, ami et serviteur?

V.

Point de nouvelles de Cadix. Je crois que l'inquisition s'est emparée de mes effets pour le bien de mon âme.