à Lausane 27 oct. [1757]
Je suis très flatté mon cher monsieur que Mes rèves n'aient pas déplu à un homme qui a autant de solidité dans l'esprit que la personne respectable à qui yous les avez communiquez.
Ce qui me fait croire encor que les songes peuvent devenir des véritez, c'est que j'ay lieu de penser qu'on travaille déjà à ce que j'ay proposé. Il est question à ce que je présume d'une négotiation entre le Roi de Prusse, et M. le maréchal de Richelieu, et elle pourait bien finir par quelque chose de semblable à celle de M. le duc de Cumberland. C'est de quoy vous pouriez parler à S. E. qui peutêtre en est déjà instruitte.
Je reçois dans ce moment des lettres de Londres en datte du 13. Il n'est nullement question dans ces lettres de la maladie du Roy d'Angleterre; et il faut bien que les ports ne soient pas fermez puis que les paquebots vont et viennent.
Au milieu des malheurs de tant de peuples, il faut que je vous prie de vouloir bien me procurer soixante et quatre pieds des plus belles et des plus larges baguettes dorées, car que madame la duchesse de Gotha soit mangée, et le roy de Prusse dépouillé, cela ne doit pas m'empêcher d'orner mon cabinet.
Il y a d'assez plaisantes chansons en Angleterre sur l'expédition de leur flotte. Il vaut encor mieux faire des chansons que de pendre un amiral.
Made Denis vous fait mille compliments et le Suisse V.. vous embrasse de tout son cœur
V.
Permettez que je vous adresse l'incluse.