Genev. 13 7bre 1757
Je ne prends nul intérest à la lettre du Journal Helvetique et Mr de Volt. en pensera et dira ce qui lui plaira sans que cela me touche.
On doit y reconnoitre les traits de jeunes mains, qui sont en grand nombre, et qui ont tourné à leur manière des principes sur lesquels ils avoient consulté. Il ne faut point s'étonner que quelque Journaliste de Holl. copie ce qu'il a trouvé dans le journ Helv. M'étant douté que cela arriveroit je tâchai de l'empêcher en écrivant à Mess. de Schreuder et P. Mortier le jeune à Amst. qui impriment la Bibliot. Germ. et en même temps à mr Formey à Berlin, qui le compose, que, sans avoir aucun droit de le faire, je les priois de ne pas imprimer cette pièce, ou si elle l'étoit déjà de la supprimer et qu'on pourroit leur fournir quelque chose de plus aprofondi et de plus modéré. Voicy, mr, leur réponse en propre original, vous voiés les 2 conditions qu'ils exigent. Je leur ai répondu que je les acceptois toutes deux, aimant mieux qu'il m'en coutât et de l'argent et de la peine que de voir reparoitre une pièce qui est trop piquante; en conséquence de quoi, aulieu de m'attacher à la lettre volante du Mercure de France, je me suis mis à éplucher les deux chap. de l'Essay de mr de Vol. sur l'Histre qui ont pour titre Geneve et Calvin et Calvin et Servet et les ayant trouvés remplis d'inadvertances très injurieuses, je les ai notées et relevées, avec une modération et une civilité dont Mr de V. et vous serés contens, et j'ay envoié cela à Amst. le 24 aoust en forme de lettre à Mr Formey, en me nom͞ent ouvertemt car je n'aime point la forme de lettres anonymes.
Il n'y a propremt que l'examen du 1er chap. qui soit fini, et qui doive paroitre à la place de ce qu'on m'a promis de suprimer, et ce morceau je l'ai montré icy à plusieurs personnes des plus modérés, entr'autres à Mr Sarrasin le jeune, de Waldkirch, et Trembley, Proffr. Je vous le ferai lire aussi, quand vous le souhaiterés. L'Examen du 2d chap. n'est pas prêt, parce qu'il demande plus d'éclaircissemts. Mr de Vol. a été en partie trompé par Mr De La Roche, et a encore envenimé tout cela au delà des justes bornes. Voilà Mr un procédé que vous ne sauriés blâmer. Car de prétendre que nous [nous] taisions sur tout ce qui nous blesse dans les écrits de notre illustre et trop séduisant auteur, cela ne seroit pas juste. Tout ce qu'on peut demander c'est que notre défence soit solide, décente et modérée. J'ai l'honr d'être avec respect
V. T. &c.