1756-02-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Le Rond d'Alembert.

Je vous envoie mon cher et illustre confrère deux phénomènes littéraires, l'un des deux vous regarde; et vous verrez quels remerciments vous devez à mr Formey, secrétaire de votre académie de Berlin.
Pour moy j'en dois de très sincères au roy de Prusse. Vous voyez qu'il m'a fait l'honneur de mettre en opéra français ma tragédie de Mérope. En voici la première scène. J'ignore encor s'il veut qu'on mette en musique ses vers français, ou s'il veut les faire traduire en italien. Il est très capable comme vous savez de faire la musique luy même. Sans cela je prierais quelque grand musicien de Paris de travailler sur ce canevas. Les vers vous en paraitront fort liriques, et paraissent faits avec facilité. Il ne m'a jamais fait un présent plus galant. Dès que je serai de retour à mes petites Délices je travaillerai à français, et à histoire; et je serai à vos ordres sauf à être réduit par le sr Formey. Mes compliments à tout enciclopédistes.