1756-02-08, de Voltaire [François Marie Arouet] à François de Chennevières.

Vous me demandez, mon ami, des armes contre les sots.
Votre sens commun doit vous suffire. Les petits vers que vous m'avez envoyés sur Lisbonne sont de quelque bel esprit de café ou d'antichambre. Permettez moi de vous dire que les laquais des gens d'esprit ne m'attribueraient pas ces pauvretés. Ma nièce est très sensible à votre souvenir. Je vous embrasse de tout mon cœur et vous remercie de votre attention. Je suis bien fâché qu'on soit si bête en France, mais du temps de Boileau, on lui attribuait des vers de Cotin.

Je vous dirai pour nouvelle que le roi de Prusse vient de m'envoyer ma tragédie de Mérope mise par lui en opéra en vers français; il travaillait à la fois à cet ouvrage et à son traité.

P. S. J'apprends dans le moment que vos petits vers sont d'un jeune homme de condition. Je les croyais d'un jeune homme en condition. Vale.