aux Délices 27e[août]1757
Ma chère enfant, je vous avoue que je suis fâché de faire venir des tableaux et des glaces pour Lausanne.
J'aimerais mieux les placer à Hornoy. Mais me voilà Suisse pour le reste de ma vie. Made Denis a voulu une belle maison à Lausanne; les Délices s'embelissent tous les jours. Nous jouons la comédie à Lausanne, on nous la donne aux portes de Genêve. On représenta hier Alzire, et quand j'arrivai tous les genevois me reçurent avec de très longs battements de mains. Il n'y a pas moien de quitter ces hérétiques là. Quand avec une mauvaise santé on est parvenu à la septième dixaine de son âge, il ne faut plus songer qu'à mourir tranquile, et tous les lieux doivent être égaux…..
Je n'ai point de messe en musique comme La Popliniere, je n'ai point un trio de complaisantes, mais je m'accommode assez de ma médiocrité, on peut être heureux sans être ni roi ni fermier général. Le bruit court dans nôtre Suisse, que M. le Prince de Conty veut faire revivre ses droits sur le comté de Neufchatel. En éffet, il était le légitime héritier, et c'est encor une province que le Roi de Prusse pourait perdre. Vos français sont dans Hanovre, j'espère qu'ils souperont à Berlin en 1758 au plus tard.