à Monrion 6 fév. [1757]
Voicy mon cher correspondant la pancarte que vous demandez.
Vous voilà donc devenu corsaire! Pour moy je n'ai armé de vaissaux que contre les jésuites. Celuy qui a écrit une lettre crétienne à un cardinal crétien, â une âme héroique et sage qui distingue la relligion de ses abus. Cela est d'autant plus beau que ces abus ont été sur le point de luy coûter la vie et ont assassiné ses prédécesseurs.
La lettre touchante que j'ay reçue du Roy de Prusse, et l'invitation que l'impératrice de Russie me fait d'aller à Petersbourg, ne me feront pas quitter les Délices. Je n'ay nulle envie d'aller à Paris où l'on est complètemt fou. Je vous embrasse tendrement.
Permettez que je vous prie de donner cours à l'incluse.
le Suisse V.