à Monrion 27 may [1756]
Après un petit voiage mon cher monsieur nous revenons incessamment à nos Délices qui seront les vôtres, quand vous les verrez.
Elles ne l'auraient pas été si elles étaient demeurées dans l'état où mr Mallet vous les a vendues. Mais il faudra encor bien des dépenses. Non seulement nous vous demanderons des arbres fruitiers, ce qui est très peu de choses, mais nous vous ferons je crois de rudes saignées cette année. Madame de Fleurieu a toujours la bonté d'habiller ma maigre figure. Je luy dois de l'argent. Je ne sçais pas trop la somme, mais je vous demande en grâce de vouloir bien vous en faire informer, et de la rembourser avec tous les remercîments possibles de la part de Madame Denis et de la mienne.
Nous espérons apprendre la prise du fort st Philippe par le premier ordinaire. L'amiral Bing ne paraît pas le plus expéditif des hommes. Il ne songe pas que la vie est courte et qu'il faut presser sa besogne. Mr de Richelieu est un peu plus à l'erte.
Adieu mon cher monsieur. Permettez que je mette les incluses dans ce paquet. Madame Denis et moy nous vous renouvellons notre tendre attachement.
V.