1755-11-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Sébastien Dupont.

Je vous avoue mon cher ami que je suis indigné du procédé de Shœpfling.
Vous savez que je luy ai prêté pour deux ans dix mille francs sans intérest. Il a sur ces 10000lt dépensé quatre louis pour un Moreri, et a fourni quatre autres louis que j'ay prêtés ou donnez à cette comtesse de Linange. C'est reste à neuf mille huit cent livres que j'ay tirez sur luy par une lettre de change il y a deux mois très inutilement. Cette lettre est entre les mains de monsieur Turkeim, marchand de fer qui demeure à Colmar, et qui est frère du banquier de Strasbourg. Vous avez en main l'obligation, je vous prie mon cher ami d'instrumenter sur le champ et de me faire payer. Shœpfling n'a pas seulement répondu à une lettre de Colini, et ny son procédé ny mes dépenses dans ma nouvelle acquisition ne me permettent d'attendre. Je vous demande pardon tout avocat que vous êtes de ne vous parler que de procez. Mille compliments à me Dupont. Je vous embrasse.

V.