Ce 27 août 1755.
… Voltaire avait destiné le prix d'une tragédie qu'il vient de donner à la construction d'un pavillon dans son château du bord du lac de Genève.
Le parterre a renversé le pot au lait. Le titre de la pièce promettait pourtant beaucoup par son persiflage, c'était l'Orphelin de la Chine; mais le public las d'avoir déjà sur le dos tant d'orphelins rouges et bleus, n'a point eu pitié de celui-ci, et l'a renvoyé à la Chine d'où il venait; c'est aussi loin à peu près que l'auteur se le trouve de son compte. Il ne bâtira point de pavillon; aussi biens mrs de Gèneve ne veulent pas qu'il habite davantage son château et veulent jetter le pauvre Jonas à la mer. Où le mettrons nous à la fin ce grand saint? Ne fait il pas bien de n'avoir point de tête, puisqu'ainsi [que] le fils de l'homme, quoiqu'avec cent mille livres de rente, il ne saurait où la reposer. Voilà un bel exemple dont dieu merci vous, monsieur, ni moi n'avons que faire; vous aurez toujours un beau château, et moi mon joli tonneau de Diogène.