1755-06-03, de — Bregenzer à Baron Reinhard von Gemmingen.

Je ferai tout mon possible pour ramasser les fonds à pouvoir payer M. de Turckheim de l'avance de près de 15/m. Livres qu'il a faites pour la pension de Mr de Voltaire, laquelle somme, à ce que M. le Consr Treitlinger me marque par sa Lettre du 30 du mois dernier, doit être remboursée au 1er de juillet prochain, mais je crains fort de ne pouvoir y parvenir de sitôt, vû que non seulement il n'y a point d'argent en caisse mais encore peu de ressource pour nous en procurer. Les grains existans sur les greniers de la seigrie tant à Colmar qu'icy ne peuvent fournir au plus qu'une somme d'environ 9/m. Livres, les Vins que nous avons en cave ne sont point de débit quant à présent, le tems où nous somes n'est en outre nullement propre pour faire entrer les Extances. Or ce sont là toutes nos ressources, en sorte que dans des Circonstances aussy peu favorables, je ne vois point d'autres moyens que de tâcher de faire accepter à mond. sieur de Turckheim tout l'argent qu'il sera possible de ramasser dans le courant de ce mois, et de le persuader d'attendre pour le reste jusqu'à ce que l'on soit en êtat de le satisfaire en entier, mais il reste à savoir ensuite où prendre les fonds pour continuer à payer la pension de M. de Voltaire dont cette Recette est chargée et dont un quartier sera échu au même Terme de 1er de Juillet, et pour fournir aux autres payemens également nécessaires, c'est où je ne vois point de jour quant à présent.