Lausanne le 27e mars [1755]
C'est à vous Monsieur, à Votre Philosophie, à Votre Amitié que nous dédions made de Brenles et moi notre prémier ouvrage qui vient enfin de paroitre.
C'est un grand Garçon, bien fait, de bonne mine; permettés qu'il soit dévoué à la Philosophie, sous Vos Auspices, nous n'en connoissons point de plus favorables et de plus flatteurs. Vous avés offert de le batiser, mais ce n'est point le métier d'un Philosophe; il ne croit guères plus aux Vertus Occultes de la Théologie qu'à celles d'Aristote. Nous vous prions de le doüer. Vos souhaits seront au moins le modéle sur lequel nous chercherons à le former. Nous nous flattons qu'il sera digne de partager nos sentimens pour Vous. Comptés le donc d'avance au nombre de vos amis, de vos admirateurs, et des Zélés déffenseurs de Votre gloire.
Ce sera dans Vos Ouvrages, monsieur, dans le récit que nous lui ferons de vos conversations, dans celles que j'éspère qu'il aura encore le bonheur d'Entendre lui même, qu'il aprendra à penser juste et noblement, à aimer la Vertu, la Vérité, et la Liberté. Les talens sont l'ouvrage de la nature; il faut attendre et Voir