à Prangin 24 janvier [1755] au soir à 10 heures
Mon oncle vous a écrit aujourdui par la Poste, Monsieur, et moi je vous écris par le cocher qui nous a amenés à Genêve et qui nous a ramenés à Prangin.
Nous venons de recevoir un courier de Madame Gallatin, qui non seulement accèpte nos offres, mais qui nous donne plus que nous ne demandions, et nous presse de signer. Mon oncle a répondu par les politesses les plus grandes, et les plus vagues. Nous ne signons qu'entre vos mains; nous comptons sur vous pour applanir toutes les difficultés pour faire toutes les choses décentes et convenables, pour faire vos voisins de vos amis, pour approcher un malade de son médecin, et pour nous mettre à portée de vous dire souvent combien nous vous aimons. Ne souffrez pas surtout que mon oncle aille auprès de Lausanne: on le presse autant de ce côté là que du côté de Cologny; mais nous avons choisi st Jean pour notre saint, et vous pour notre patron. J'ai l'honneur d'être avec l'attachement le plus véritable Monsieur, votre très-humble et très-obéissante servante
Denis
Pardonnez moi si je ne vous écrit pas de ma main mais je me meurs de lassitude et de froit et je dicte dans mon lit. Faites moi le plaisir de m'envoier la liste des meubles de Mr Malet que mon Oncle a laissé sur votre table et dont nous avons besoin pour prendre des arrengemens.