du Château au Prangin, pays de Vaud en Suisse, 13 janvier 1755
Nous vous prions, mon ami, très instamment, me Denis et moi, de donner ou faire donner cette lettre à mr le cte Dargenson.
Il s'agit de faire la fortune d'un des plus estimables hommes du royaume et cette fortune consiste dans une place de prévôt d'un village qu'on nomme ville impériale dans la haute Alzace.
Nous vous prions d'avoir la bonté de nous dire à quel bureau vont ces affaires, à quel premier commis il faudrait s'addresser et de nous aider de toutes vos forces pour nous faire réussir. C'est un avocat au conseil souverain de Colmar, nommé Dupont, qui demande la prévôté de Munster. Je crois que cette place est aussi inconnue à Versailles que le Dupont qui la demande et tous ceux qui la demanderont. Il est singulier que ce soit des bords du lac de Genève que nous présentions requête pour un Alzacien, mais cet Alsacien est notre ami intime et un homme d'un mérite rare. Nous tâcherions de le servir quand même nous serions en Norvège. Nous ne sommes ici qu'en attendant la belle saison pour aller prendre les eaux d'Aix en Savoie. L'oncle est presque paralytique, la nièce est garde malade et tous deux vous aiment de tout leur cœur.