1754-12-14, de Antoine Louis de Rouillé, comte de Jouy à Étienne Jean de Guimard des Rocheretz, baron de Montpéroux.

Monseigneur,

Je n'aurai l'honneur de vous rendre compte cet ordinaire que du passage de M. de Voltaire par cette ville; il y arrive avant hier au soir, et en est reparti ce matin pour aller en Suisse y faire quelques remèdes préparatoires aux Eaux d'Aix qui luy ont esté ordonnées.
Il demeurera à trois lieuës d'icy pour y estre plus à portée du Docteur Tronchin, de Hollande, en qui il a beaucoup de confiance; sa santé est très délabrée, il est tourmenté d'une sciatique violente. La grand réputation de M. de Voltaire auroit fait souhaiter aux sçavants de cette ville qu'il y eût fait un plus long séjour; mais les soins qu'il veut donner à sa santé luy font chercher la solitude pour éviter bien des visites de curiosité, et toujours importunes surtout dans l'état où il est.

Je suis avec respect,

Monseigneur,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

Montperoux