1753-01-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Henri Samuel Formey.

Puisqu'ainsi est, iddio sia lodato.
Je vous avoueray tout net, que votre sortie sur certaines personnes, et un petit mot de la discipline militaire, et un petit coup de dent à ceux qui ont écrit après Neuton, et une petite attaque portée à certaines personnes qui ont fait de certains livres, et un mépris trop marqué pour certains sentiments de certaines gens qui n'en changeront pas, etc. etc., je vous avouerai di-je que tout cela a été fort mal reçu; vous devriez ma foy me remercier de l'apologie de Bollingbrooke, car tout ce qui fait rire, appaise. Je pourais vous servir, et cela me serait bien plus agréable que d'écrire sur le pentateuque. Quand on m'attaque, je me deffends comme un diable. Je ne cède à personne, mais je suis un bon diable, et je finis par rire. Je suis très malade, et vous sortez, vous avez été chez le grave président. Venir de chez vous chez moy bien emmitouflé n'est pas un voiage aux terres australes. Point de rancune; puisque je n'en ay point, venez dîner amicalement demain ou après demain avec moy. Je vous enverray un carosse ou une chaize; vous n'aurez point de froid dans la rue, et vous serez chez moy très chaudement. Il faut que nous causions, et vous trouverez mixtum utile dulci.

A propos de votre libraire de l'abeille, envoyez chercher ce frelon je vous prie, et dittes luy tout ce qu'il faut luy dire. Je vous serai obligé de m'épargner un éclat.

Mandez moy si vous viendrez, et soyez guai.

V.