1753-01-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Nicolas de La Touche.

Je prens donc la liberté monsieur suivant la permission que vous avez bien voulu me donner, de vous envoyer ce paquet pour mr de la Reiniere.
Je vous supplie de le recommander au courier et de luy vouloir bien ordonner de le remettre à la poste en cas qu'il s'arrête plus de deux jours à Cologne. Comme ce paquet ne contient que des affaires de famille pressantes (avec mon testament qui ne presse pas) il peut sans aucun risque Le mettre à la poste à Cologne, pourvu qu'il prenne touttes les précautions nécessaires pour la sûreté de L'envoy.

Je ne puis vous dire monsieur à quel point je suis pénétré de vos bontez; je vous prie instament d'y mettre le comble en disant à Mr de Podevils L'intérest que vous daignez prendre à moy en général, en me regardant comme un officier de la maison du Roy notre maître, qui est icy avec un passeport du Roy et avec une recommandation à tous ses ministres, et enfin comme un homme qui vous est particulièrement attaché. Je ne vous demande monsieur que des bons offices et des marques de bienveillance qui ne vous compromettent point, mais qui puissent seulement engager mr de Podevils à fortifier par ses représentations les sentiments de bonté, de générosité, de grandeur et d'humanité que Le Roy a sans doute dans son cœur comme dans ses écrits. Je suis comblé de vos bontez monsieur, et rempli de la reconnaissance la plus tendre et la plus respectueuse.

V.