1752-12-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charlotte Sophia van Aldenburg, countess of Bentinck.

Mes maux me retiennent madame.
Je désespère de pouvoir aller à Berlin avant le carnaval. Je viendray alors si je suis en vie, vous demander la conti-nuation de vos bontez, et me mettre entre les mains de mr de Librekins à qui je donnerai tout pouvoir sur ma machine, comme vous l'avez sur mon âme.

Maupertuis se porte mieux mais son livre est mort. Vous ne sauriez croire à quel point il est méprisé à Paris et combien on déteste partout la persécution qu'il a suscitée à Kœnig dans une affaire où il a manifestement tort. Il y a toujours de l'absurdité dans la tirannie. Il n'y a de bonheur qu'auprès de vous, et ce bonheur là m'est ravi.