Potsdam, samedi 29 Juillet [1752]
Je ne peux vous rendre trop de grâces, monsieur, de votre journal & de vos politesses.
Vous me consolez un peu de cette première édition du Siècle de Louis XIV. Je suis fâché qu'elle ait paru avant les mémoires singuliers que j'ai reçus. On m'a envoyé des manuscrits de la main de Louis XIV même. Il faut bien regretter qu'un roi qui avait des sentiments si grands & des principes si sages, n'ait pas consulté son propre cœur au lieu d'écouter des prêtres & Louvois, quand il s'agissait de perdre quatre ou cinq cent mille sujets utiles.
Je suis très content de l'éloge de m. Cramer. Il me paraît qu'il y a à Genève des philosophes d'un grand mérite; autrefois il n'y avait que des théologiens.
Je suis fâché qu'on dise p. 426 que Rodolphe de Hasbourg acheta Lucques & Florence &c.; il les vendit: le pauvre seigneur n'avait pas de quoi acheter. La plupart des livres sont bien peu exacts; on se pique d'écrire vite & beaucoup, & on nous surcharge d'inutilités & d'erreurs.
Je vous embrasse; vous pouvez compter que je suis rempli pour vous d'estime & d'amitié.
V.