1751-04-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charlotte Sophia van Aldenburg, countess of Bentinck.

Je reconnais madame votre politesse, et vos bontez au stile de madame la princesse de Zerbst.
Je me flatte que dans quelques jours j'auray l'honneur de vous faire ma cour. Je ne doute pas que vous ne soyez souvent avec mylord et mylady Tirconnel. Je vous supplie madame de me protéger un peu auprès d'eux. Je suis un hibou, un pédant, et un pédant malingre. Je ne profite pas assez des bontez dont ils m'honorent. Si je suivois mon goust, je partagerais mon temps entre vous et eux. Il vaut mieux passer sa vie en bonne compagnie que de grifonner continuellement. Cependant je grifonne et je vis en solitaire. Comptez madame que je ne vous en suis pas moins dévoué, et que c'est pour ma vie.

V.