1751-04-06, de Baron Friedrich Wilhelm von Marschall à Claude Étienne Darget.

Monsieur,

J'ay parlé à M. de Voltaire conséquament à la lettre que vous m'aviés fait l'honneur de m'écrire icy et qui me fut renvoyée à Berlin; il a été extrêmement sensible à votre attention et vous en remercie comme il le doit.
Je crois même qu'il vous en a déjà écrit directement; il me dit en propres termes, Monsieur, que son amitié ne pouvoit faire de loy à la vôtre dans cette occasion mais qu'il seroit charmé qué vous ne fussiés pas content de votre nouveau commissionnaire, parce qu'il voyoit avec chagrin qu'un des hommes qu'il estimoit et honnoroit le plus fût en correspondce réglée avec son ennemy le plus déclaré; voylà tout ce que je puis vous dire sur cet article, et je crois que vous devés vous décider par la manière dont vous serés servy.

J'ay envoyé à la prière de M. de La Metrie à qui vous l'aviés confiée, la lettre de M. Diderot au sec. Berrier, à S. A. le Pce Lobkowitz, qui a promis de vous la restituer. C'est celle où est l'article des arts. J'ay crû devoir vous en prévenir, Monsieur, afin que vous vous procuriés la rentrée de cette pièce si elle ne vous revenoit pas exactement.

Oserois-je vous prier de parler quelque fois de mon respect à votre belle comtesse et d'être persuadé de la considération infinie et du plus tendre attachement avec lequel je suis à jamais,

Monsieur,

Votre très humble et très obéiss. serviteur

Darget

Mes sincères devoirs, je vous prie, à M. de Dewitz.