1751-02-20, de Claude Étienne Darget à Baron Friedrich Wilhelm von Marschall.

Monsieur,

Je reçois de grand cœur votre compliment sur le gain du procès de M. de Voltaire, et je vous en fais le mien à mon tour; on mérite bien d'avoir des amis quand on les aime autant que vous; Enfin voylà notre grand homme hors de la synagogue, puisse t'il vivre désormais avec la tranquilité dont il peut faire à tant d'égards un meilleur usage que tout autre.
C'est un souhait que je fais toujours bien sincèrement pour les personnes aux quelles je suis attaché. Le trouble est la mort de l'âme; vous n'estes point fait, Monsieur, pour éprouver ce martir, comblé des dons de la fortune, couronné bientôt par l'amour. Tous les jours se lèvent serains pour vous; puissiés vous jouir longtems de votre bonheur! Personne ne le souhaite plus vivement que moy, et n'est avec plus d'attachement et de considération,

Monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur

Darget