à Berlin, 15 février1751
Le marquis d'Adhémar sera donc à madame la markgrave de Bareuth.
Je luy ay toujours conseillé de prendre ce party. Le service des dames est plus doux. J'ay un peu abandonné celuy de mon nouvau maître. Je suis toujours trop malade pour aller souper à Potsdam. L'hiver me tue, et je veux donner à Louis 14 le peu de temps que mes maux me laissent. Je vous avoue qu'en m'amusant à de nouvaux ouvrages, je suis bien fâché de ces nouvelles éditions qu'on fait à Paris et à Rouen de mes anciennes rêveries. Je voudrais en corriger la moitié et anéantir l'autre. D'ailleurs touttes ces éditions sont faittes sur d'anciennes copies très informes. Je voi bien que je n'aurai jamais la consolation d'être imprimé à ma fantaisie. Il faudrait que le public n'adoptât d'un autheur que ce qu'il en adopterait luy même après s'être jugé sévèrement. Il y aurait moins de livres, et tout n'en irait que mieux. Je vous envoye un gros paquet sur nos affaires. Adieu. Je vous demande toujours pardon d'être icy.