1750-12-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Frederick II, king of Prussia.

Sire,

Mon secrétaire m'a avoué que D'Arnaud l'avoit séduit, et luy avoit tourné la tête au point de l'engager à voler le manuscrit en question, pour le faire imprimer.
Il m'a demandé pardon. Il m'a rendu tous mes papiers.

Votre majesté verra que je mettray à la raison le juif Hirshel aussi facilement. Je suis très affligé d'avoir un procez, mais s'il n'y a pas d'autre moyen d'avoir justice, si Hirshel veut abuser de ma facilité pour me voler environ onze mil écus, si quelques conseillers ou avocats, ou mr de Kirkeisen ne peuvent être chargés de prévenir le procez et d'être arbitres, s'il faut que je plaide contre un juif que j'ay convaincu d'avoir agi contre sa signature, c'est un malheur qu'il faut soutenir, comme bien d'autres. La vie en est semée. Je n'ay pas vécu jusqu'à présent sans savoir souffrir. Mais le bonheur de vous admirer et de vous aimer est une consolation bien chère.