ce 20 [July 1750]
Sur un grand chemin de l'évêché d'Hildesheim,
beau pays pour un prêtre, et digne d'appartenir à un roi hérétique
Beau Sans-souci, daignez attendre
Le plus malingre des humains.
Au paradis je dois me rendre,
Mais le diable en fit les chemins!
Sire, quel chien de pays que la Vestphalie et les environs d'Hannovre et de Hesse! On y fait trois milles en deux jours. J'ai été en exil 15 jours à Clèves; j'ai la fièvre, et v. m. a eu beau presser et prêcher les chevaux de la route, ainsi qu'en usaient les héros d'Homère.
Dans des jours à jamais terribles,
Quand il faut battre l'ennemi,
Vous êtes très bien obéi
Par cent mille bras invincibles.
Mais vos postillons, vos coursiers
Imitent fort mal vos guerriers:
Ils n'ont pas l'humeur si docile;
Et vous avez beau, comme Achille,
Les encourager en beaux vers:
Ils sont les seuls dans l'univers,
Qui ne goûtent pas votre style.
J'ignore, si ce petit billet doux arrivera avant moi. Mais il faut toujours écrire à sa maîtresse, dût on porter la lettre soi même; à plus forte raison à Fédéric le grand. J'assure sa majesté de mes vifs désirs, et lui présente mes profonds respects.
V.
Signé à Halberstadt en attendant que je sois assez heureux pour en partir.