à Paris 5 février 1750
Voicy donc sire un très chétif tribut qui n'est pas dans le goust du comique larmoyant. Car il faut bien se tourner de tous les sens pour vous plaire.
Comme j'allois continuer cette petite épître, j'en reçois une de votre majesté. Celle là prouve bien mieux encor l'immensité des richesses de votre génie. Ny vous ny personne n'a jamais rien fait de si bien, ou du moins de mieux que ces vers:
Je sens, à la lecture de cette lettre, que si j'avois un peu de santé, je partirais sur le champ, fussiez vous à Cônisberg. Vous daignez demander Oreste, je vais la faire transcrire. Mais que votre majesté ne s'attende pas à voir un Palamede, il n'y en a point dans Sophocle.
A L'égard du prétendu testament politique du card. de Richelieu je répons bien que madame Daiguillon n'en aura jamais l'original. Sire on n'a jamais vu l'original de tous ces testamens là…. Indépendamment des misères dont ce livre est plein, je trouve qu'Armand est bien petit devant Federic.
L'imprudence met sa confiance; l'imprudence ne mettent pas; mais L'imprudence pouroit à toute force mettre leur confiance, en raportant ce leur au dont. Ce seroit une licence qui en certains cas seroit permise.
Mon chancelier d'Olivet diroit le reste. Mais quand j'écris au plus grand homme de notre siècle je ne connois que le sentiment de L'admiration. L'entouziasme fait oublier la grammaire.
A vos genoux.
V.