Je vous suis redevable Mon cher Voltaire des Compliments du Roy de Prusse et de ceux que vous luy avez faict de ma part.
Nostre goût est d'acord sur Vostre sujet, et je suis bien flatté d'avoir les mesmes sentyments avec Un Prince que j'ayme et estyme beaucoup. C'est à vous à partager les Vostres entre nous sans exciter nostre jalousie. Je voudrois gagner à telle prix que ce soit La Malheureuse Comète, pour qu'elle vous amuse plus favorablement qu'elle n'a faict et qu'yl n'y aye rien qui vous ennuye à Luneville. Ma trouppe de qualité de la Comédie qui surpasse celle de profession y suppléra. L'oryginal du Héros que vous voullez copiez dans le Roman, je craings qu'yl ne soit Roman en effect, je ne me fis pas à la favorable prévention que vous avez pour luy. Si ce que vous vous imaginez d'avantageux en sa faveur est une fiction rien de si réelle qu'yl est bien sensyble à Vostre attachement et amitié. Vous voilà dont je crois à Paris, sans que je puysse encore dire quand j'y serois. C'est le séjour de mme Infante qui me règlera. Je vous r'envoye vos deux pièces. Memon m'a endormit bien agréablement et j'aye veue dans Un profond someills que la sagesse n'est qu'un songe. Je suis de tout mon coeur à vous.
Stanislas Roy
A Luneville le 31 de Janv. 1749
J'embrasse ma chère Marquise. J'attenderois de ses nouvelles de Paris pour luy écrire.