1748-12-15, de Jean François de Saint-Lambert, marquis de Saint-Lambert à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

V͞s m'aués traitée si froidement aujourdhui, v͞s aués eu l'air si peu ocupé de moi, v͞s aués si peu songé à chercher des expédiens, à m'en demander, à m'en parler, à v͞s en plaindre, v͞s m'aués si peu regardée, enfin ie suis si excessiuem͞t mécontente de v͞s, que ie me console bien aisément de ne pouuoir v͞s ouurir la porte de la maréchale.
Ie me repens seulement de v͞s l'auoir proposé, et de l'auoir imaginé, ie suis vne indigne créature de v͞s en auoir parlé, ie sens tout mon tort, et ie n'en aurai plus de cette espèce. Ie suis bien heureuse que v͞s aiés de si mauuais procédés auec moi à la veille de mon départ, i'en serai plus heureuse à Paris. Ie suis bien persuadée que v͞s n'aués pas tenté de venir ce soir, et ie ne v͞s escrirois pas si ie ne voulois v͞s faire voir que ie me suis aperçue à votre conduite, et qu'elle fait sur moi l'efet qu'elle y doit faire.