à Plombieres ce vendredi [23 August 1748]
Mon dieu que ie suis heureuse, voilà le roy qui part, v͞s aurés de mes nouuelles.
P͞r moi qui suis séparée de la moitié de moimême, ie n'espère pas auoir cette consolation. Cette estafette prétendu de mr Alliot n'arriue point. N͞s somes ici logés come des chiens, mais ie ne sais quand n͞s en partirons. I'ay toujours espérance que ce sera lundi, ie v͞s assure que i'y ferai de mon mieux. Les jours me paroissent bien longs et cependant ie les passe dans ma chambre, mais cette chambre est bien loin de la vôtre. Quelque chose a pris à m͞e de Bouflers précisém͞t à la moitié du chemin, cela n'est il pas désolant? Il n'en faut pas parler ie crois mais ie parie qu'elle seroit partie tout de même quand cela l'auroit prise à Luneuille. Ce qui doit v͞s consoler c'est que ie suis dans le même état. I'espère que v͞s dormés terriblem͞t, p͞r moi, ie me suis leuée à 6 heures aujourdhui p͞r la fontaine, mais cela ne m'ariuera plus. M'aimés v͞s auec cette ardeur, cette chaleur, cet emportement qui fait le charme de ma vie? Il y a bien loin d'ici à lundi mais aussi lundi ie serai bien heureuse. Ie v͞s adore et ie sens que ie ne puis viure sans vous.
Ie voudrois v͞s escrire plus au long mais le roy veut partir. Ie v͞s escrirai encore ce soir par la poste, ie ne puis v͞s dire trop souuent combien ie v͞s aime, ie n'ai aucun esprit, car ie me meurs de sommeil, mais mon coeur n'est jamais endormi.