1748-05-15, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Jean François de Saint-Lambert, marquis de Saint-Lambert.

Ne douttés de mon coeur qu'autant qu'il le faut p͞r m'en aimer dauantage, mais ne me laissés jamais doutter du vôtre, mon amour n'a besoin d'aucun art, et moins v͞s en aurés plus v͞s serés aimable.
V͞s ne voulés donc pas me dire si v͞s aués reçu la lettre qui deuoit être chés Panpan du jour de votre départ p͞r Cirey. L'abé de Bernis fait vn poème des saisons, on le dit même fort auancé. Si i'en puis voir quelque chose ie v͞s en instruirai mais songés qu'il a aussi fait le soir. Adieu v͞s qui ferés tous mes beaux jours et sans qui ie ne voudrois jamais en paser aucun. N͞s n'auons point de crainte à auoir ni de reproches à n͞s faire, i'espère que v͞s serés bien aise d'aprendre cette nouuelle. Vale et me ama.

Ne me parlés jamais dans vos lettres de persone qu'on puisse deuiner, mais ne me laissés rien deuiner de votre amour. Remarqués que mes lettres sont plus longues que les vôtres, i'en suis cependant très contente, mais c'est pourquoi ie voudrois qu'elles ne finissent point.