à Paris ce 15 jer 1748
J'ai tardé madame à vous remercier de votre pâté comme à vous rendre votre métaphysique, mais il faut excuser les malades; je ne vous dirai pas que votre marcassin m'ait fait autant de plaisir que votre ouvrage car j'ai lu l'un avec la plus grande satisfaction, et je n'ai point mangé de l'autre. Mon esprit est plus fait pour se nourrir de vos pensées, que mon estomac pour digérer les sangliers; en récompense je m'en suis fait bien de l'honneur, et il a été mangé par des philosophes qui ne croient pas plus que vous m. au père Mallebranche et qui ont bu à la santé d'une grande philosophe ennemie des illusions. Je crains d'avoir auprès de vous madame, la réputation d'un homme négligent, mais j'ai au moins auprès de tous ceux à qui j'ai parlé de vous la réputation d'un homme qui connoit tout votre mérite et qui en est l'admirateur. J'ai l'honneur d'être….
Voltaire