à Paris le de la pleine lune [4 July 1747]
L'ange Ïesrad, a porté jusqu'à Memnon, la nouvelle de vos brillants succez, et Babilone avoue qu'il n'y a jamais eu d'itimadoulet dont le ministère ait été plus couvert de gloire.
Vous êtes digne de conduire le cheval sacré du roi des rois et la chienne favorite de la reine. Je brûlois du désir de baiser la crotte de votre sublime tente, et de boire du vin de Chiras à vos divins banquets. Orosmade n'a pas permis que j'aye joui de cette consolation, et je suis demeuré enseveli dans L'ombre loin des rayons brillants de votre prospérité. Je lève les mains vers le puissant Orosmade, je le prie de faire longtemps marcher devant vous l'ange exterminateur, et de vous ramener par des chemins, tout couverts de palmes.
Cependant très magnifique seigneur permettriez vous qu'on adressât à votre sublime tente, un gros paquet que Memnon vous enverroit du séjour humide des Bataves? Je sçai que vous pouriez bien l'aller chercher vous même en personne, mais comme ce paquet pouroit bien arriver aux pieds de votre grandeur avant que vous fussiez dans Amsterdam, je vous demanderois la permission de vous le faire adresser par mr Chiquet dans la ville où vous aurez porté vos armes triomphantes, et vous pouriez ordoner que ce paquet fût porté jusqu'à la ville impériale de Paris parmi les immenses bagages de votre grandeur. Je luy demande très humblement pardon d'interrompre ses moments consacréz à la victoire par des importunitez si indignes d'elle. Mais Memnon n'ayant sur la terre de confident que vous, n'aura que vous pour protecteur, et il attend vos ordres très gracieux.
V.