A Paris, ce 1er juillet 1747
Votre lettre m'a fait un plaisir infini, Monsieur, car je m'ennuiois d'être si longtems sans receuoir de vos nouvelles.
Je suis, je vous l'auouë, fort occupée de mon Newton, mais il ni a point de diuersion plus agréable que celle de vous escrire, et si vous auiés le tems de faire vos lettres un peu plus longues, ie ne pourrois pas auoir de meilleures instructions. Le premier livre est presque tout imprimé, il y aura quelque comentaire, mais il ne sera pas perpétuel. Il sera dans le second volume à la suite du troisième liure, et ne roulera que sur le sistème du monde et les propositions du premier liure qui y ont raport. Je voudrois bien que vous m'envoiassiés vos leçons de phisique et ce que vous me prometés sur les maxima et les minima. Plus vous m'enuerés de choses de votre façon, et plus ie serai contente. Je n'ai pu voir encore le miroir de M. de Buffon à cause des mauvais tems, et de son départ pour la campagne, mais i'ay entendu le mémoire qu'il a lu sur cela à la rentrée, et cela m'a paru très curieux, et sera très utile, pour la chimie surtout. Je ne vous en fais point le détail, parce que ie ne doutte pas que vos amis de l'Académie ne vous l'aient fait. M. Cléraut et M. d'Alembert sont après le sistème du monde, ils ne veulent pas avec raison se laisser préuenir par les pièces des prix. Mon commentaire sera principalement un extrait du mémoire de M. Cléraut sur cela, et alors il est sûr qu'il sera de quelque utilité, car vous savés que l'Académie fait attendre bien longtems ses mémoires. Saués vous que M. de Fouché a pris femme? C'est une mademoiselle Desportes qu'on dit fort raisonable et assés aimable, il a grand besoin de compagnie à l'Observatoire. Vous saués, Monsieur, combien ie vous aime véritablement.
Si vous voulés que i'envoie mes lettres pour vous quelque part pour être reçues plus sûrement, mandez le moi.