Florence le 23 may 1746
Enfin monsieur, après une exacte observation des interstices voulus par les anciens statuts, j'ay le plaisir de vous envoyer la lettre du Marquis Allamanni, vice secrétaire de l'académie, qui vous donne part de votre aggrégation; cette dernière cérémonie se fit le 21 de ce mois, j'y assistai, ainsy qu'à toutes celles où vous fûtes proposé.
J'ay eû le plaisir d'y voir rendre à vos talens, toute la Justice qu'ils mérittent.
M. Le Comte Lorenzi, Ministre de France en cette Cour, s'est chargé de vous proposer dans une autre académie de cette ville qu'à ma honte je ne connois pas, qui est plus ancienne et non moins célèbre que celle de la Crusca. Quoyque je me sois acquitté monsieur, avec assés de diligence de ce que vous aviés désiré de moy, le petit service que je viens de vous rendre n'a fait qu'irriter en moy le désir d'être employé à vous en rendre de plus considérable. C'est dans ces sentimens que j'ay l'honneur d'être monsieur,
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Le prince de Craon
Je r'ouvre ma lettre Monsieur pour y joindre une patente que monsieur Perussi, Regenté degli apatistiti, vient de m'aporter, c'est le fruit des soings que M. le Comte Lorenzy s'est donné pour votre service: le baillif Sansevini me promet les mêmes offices pour l'académie degli intronati di Siena. Vous me mettez monsieur dans un comerce assez vif avec les sçavants d'Italie, mais je sens bien que je n'y fais bonne figure qu'autant qu'ils me regardent comme un moyen dont vous vous êtes servi pour rendre leur société plus illustre en désirant d'y entrer.