à Rome ce 8 7bre 1745
Je suis trop flatté, monsieur, des sentiments que vous voulés bien me témoigner pour ne pas en désirer la continuation et ne pas chercher à la mériter par tout ce qui peut vous répondre des miens.
C'est ce qui m'a fait saisir avec empressement et une égale satisfaction l'occasion que m. le marquis d'Argenson m'a fait naître de vous estre bon à quelque chose, d'autant plus que i'estois bien seur du succès de ma négociation auprès du pape dès que vous en estiés l'obiet. Il aime le mérite et le vôtre est trop bien constaté par toutes les excellentes pièces dont vous avés enrichi la république des lettres pour qu'il ne vous donnât pas des droits sur l'affection de sa sainteté, qui sçait la prodiguer aux beaux arts. Je n'ay encore pu avoir l'honneur de la voir pour luy présenter l'exemplaire dont vous m'avés fait le dépositaire. J'espère que ie ne tarderay pas à remplir cette commission, ie luy ferai part en même temps de l'inscription qui la concerne, et il est trop bon connaisseur du beau pour ne pas la trouver digne de vous; elle l'est extrêmement de sa sainteté et ie suis bien persuadé qu'elle ne pourra que luy plaire infiniment.
Je finis monsieur en vous rendant mille grâces de l'attention que vous avés pour moy; si vous voulés bien me continuer celle de m'envoyer les nouveaux ouvrages qui sortiront de votre plume ie vous prie de me les faire passer sous l'enveloppe de m. l'archevesque de Bourges et d'estre persuadé que personne n'en sauroit estre plus reconnoissant et plus empressé que moy de les recevoir.
J'ay l'honneur d'estre avec une très parfaite considération monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
Canilliac