9 juillet 1745
Avant que d'envoyer votre placet au roi, monsieur, je suis bien aise de vous observer que vous ne donnez aucunes raisons de la demande que vous y faites de doubler le nombre des exemplaires de cette édition, et que je crois qu'en effet il n'y en a pas de bonnes.
Vous n'avez pas eu intention, après trente-sept editions, et bientôt trente-neuf, de multiplier uniquement les exemplaires: votre objet est que la beauté de ceux de l'imprimerie royale engage à les conserver et à les déposer dans les bibliothèques. Si la distribution est bien faite, et non indifféremment à tout le monde, les six cents que le roi a permis de tirer suffiront, et au delà, et, en vous conformant à l'usage observé à l'imprimerie royale de ne tirer que peu d'exemplaires des livres qui y sont imprimés, vous augmenterez le prix du présent par la rareté dont il sera; au lieu que, si l'on en tire douze cents, ils passeront dans tant de mains, qu'il pourrait arriver qu'on en vendrait quelques uns: ce qui ne manquerait pas de donner lieu à des propos que vous devez éviter, surtout dans cette occasion. A l'égard de la reliure des trois cents, je prendrai sur cet article les ordres de s. m. Soyez persuadé, je vous prie, que, lorsque je vous donne un conseil, après avoir examiné les convenances générales, ce n'est aussi qu'après une véritable attention à vos intérêts, et telle que vous le devez toujours attendre de la sincérité des sentiments avec lesquels je suis, monsieur, plus parfaitement à vous que personne du monde.