Monsieur,
Il est des certains noms consacrés par la vénération publique qui présentent à l'esprit des plus hautes idées que l'éloge le plus accompli.
Ont ils frappé l'oreille? c'en est fait. L'éloquence vient après coup. Les impressions les plus fortes sont jettées dans tous les espris; ces noms portent avec eus-même le véritable caractère de la grandeur, et par la seule vertu de leurs accens saisissent et pénètrent d'admiration généralement tous les hommes, ceux qui ne conoissent encor rien de ce qui les a rendus recommandables, et ceux même qui ne seront jamais en état d'en rien connoître. Tel est le nom de Voltaire. Tout l'univers par lui reçoit l'idée d'un génie sublime et vous reffuser, monsieur, l'hommage de l'admiration ce seroit, si je puis me servir de ce terme, être hérétique en littérature.
J'ai eu l'honneur de vous le rendre cet hommage quand ma langue encore liée ne pouvoit pas être l'organe de mes sentimens. Bientôt après, je mêlai ma voix à la voix publique; mais mon estime et ma vénération croissant avec mon âge, ne peuvent plus se borner à un tribut qui se confond avec celui de tant d'autres. Mon Zelle n'en est pas content, il ose perçer jusqu'au grand jour de celui qui en est l'objet.
J'ai l'honneur de vous offrir, monsieur, un mauvais ouvrage de ma façon peu digne de vous en luy même, et qui n'a rien de considérable que le titre de vous être dédié. Ce n'est aussi qu'en vous priant de l'envisager de ce côté là que je vous demande pour luy un accueil favorable.
J'ai l'honneur d'être avec un très profond respect,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
Le Chever Despinasse
Place des Paradoux à Toulouse ce 4me mars 1744
Je sais que vous n'êtes pas moins maître en géométrie qu'en poésie. Si vous l'appouvés, j'aurai l'honneur de vous envoyer quelque démonstrations.