1743-09-08, de Frederick II, king of Prussia à Voltaire [François Marie Arouet].

Je n'ose parler à un fils d'Apollon de chevaux, de carrosses, de relais, et de pareilles choses, ce sont des détails dont les dieux ne se mêlent pas et que nous autres humains prenons sur nous.
Vous partirez lundi après-midi, si vous le voulez, pour Baireuth, et vous dînerez chez moi en passant, s'il vous plaît.

Le reste de mon mémoire est si fort barbouillé et si mauvais que je ne saurais vous les envoyer. Je fais copier les chants 8 et 9 de la Pucelle. J'en possède à présent le 1er, le 2e, le 4e, le 5e, le 8e et 9e, que je garde sous trois clefs pour que l'œil des mortels ne puisse les voir.

De vos ouvrages spirituels
Je suis le gardien sévère,
Tel qu'au pays des immortels
L'était le vigilant Cerbère.

On dit que vous avez soupé hier en bonne compagnie.

Les plus beaux esprits du canton,
Tous rassemblés en votre nom,
Tous gens à qui vous deviez plaire,
Tous dévots croyant à Voltaire,
Vous ont unanimement pris
Pour le dieu de leur paradis.

Le paradis, pour que vous ne vous en scandalisiez pas, est pris ici dans un sens général, pour un lieu de plaisir et de joie: voyez la remarque sur le dernier vers du Mondain. Adieu.

Federic