1742-08-01, de Frederick II, king of Prussia à Voltaire [François Marie Arouet].

Vous uzés de La Liberté qu'Horace accorde aux Poètes, vous suivés La rapidité de votre imagination.
Sera t'elle du goût de votre Lieutenant général de police? je le souhaitte pour L'amour de vous. S'il prend La chose en politique un peu rigide, Vous pourriés faire un voiage forcé à Bruxelles, si L'on ne vous prévient en faisant un petit inventaire des petits papiers du Grand Voltaire, après avoir emprisonné Les muses dans La personne de leur favori. Le parti que je viens de prendre n'est pas L'effet de L'enthousiasme, mais d'une mûre réflexion. Je vous avoue cependant que j'aurois grand-peur du respectable viellard que j'ai primé, si j'étois comme vous sous sa coupe. Heureusement cent cinquante mil hommes défendent ma grande âme paîtrie de tant de qualités contraires. Je ne suis pas de votre avis à L'égard du Maa͞l de Broglio. Je ne Le tiens pas sans inquiétude, ni sans occupation. S'il s'en tire bien, il méritera une ode de votre façon. A Propos je viens de recevoir La vôtre, j'en attens avec impatience la traduction. Car foi de Roy je n'y comprends rien, non plus qu'à vos prédictions.