Monsieur,

Depuis La dernière que j'ay eu L'onneur de vous escrire, M^r de Voltaire m'a fait voire La Réponse que vous Luy aviez fait à La première qu'il vous avoit escrit, et je vis les changements que vous souhaitté qu'il y fît.
Je luy fis connoître que je trouvois la chose fondée en Raison et aussi, il ne fit aucune difficulté de Vous escrire une autre lettre dans le genre que vous luy aviez escrit.

Je vous La Remet cy joint, comme je doute que par cette lettre toutes les difficultés seront applanie, j'espère que il ne serat plus question de Rien.

Il m'a donné sa parolle que de son Côté il Retranchait de ses ouvrages absolument tout ce qu'il avoit escrit contre nostre illustre défunt.

M^r de Voltaire vous prie de vouloir ne pas faire imprimer une lettre que il dit avoir escrit il y a plus de trente ans à nostre ami Rousseau et cela parce que il l'at escrit dans sa plus tendre jeunesse et qu'elle n'est pas assé bien ditte pour mériter L'impression.

Mad. La Marq. du Chatelet qui depuis quelq. jours a esté fort occupée tant à cause d'une grande Revision sur un jncident considérable de son procet que à cause de son prochain départ pour Paris, m'a prié de vous dire encor que comme elle conte que par cette lettre de Voltaire toutes les difficultez sont applanies vous voudré bien luy Renvoier ou à moy les lettres qu'elle vous at escrit sur la négotiation qu'elle avoit entamé avec vous sur le Racommodement, espérant que vous n'este pas d'intention de faire jmprimer ces susdites lettres.

Quant à moy je me flatte bien que pendans toux ceci il ne serat pas question de moy. Mad. du Chatelet est partie ce matin pour Paris avec Monsr. son fils et Voltaire.

Si vous n'estié pas si occupé on vous prierait de vouloir quelq. fois donner des Nouvelles de l'endroit que vous habitté. Persone n'est avec une amitié et un attachement plus sincère,

Monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur

le comte de Lannoy

Brux. Le 3i octo. i74i