14 aoust [1741]
En vous remerciant de vos bons documents.
J'ay déjà l'histoire de la Bactrianne dont vous me parlez. Il faut avoir la rage de l'antiquité pour lire cette érudition étrangère. J'espère que cette maladie me passera bientôt.
Mais ce don Calmet dans son histoire universelle, n'auroit il fait que répéter des choses communes? n'auroit il point répandu quelque jour sur l'histoire orientale, sur Gengis Kan, sur le grand lama, sur Tamerlan, sur les mogols, sur l'état du cristianisme dans les Indes? Il me semble qu'il étoit fait pour dire mieux que les autres sur ces matières. Dites moy s'il les a touchées. En ce cas je feray venir son ouvrage.
On ne parle dans votre Paris que de banqueroutes. Je suis très ridiculement et très rudement compris dans celle d'un Michel, homme fait je pense pour être ignoré de vous, car il n'étoit que riche, mais vous, n'entendez vous point parler des finances de Prusse? Les Jordans sont à portée de vous faire tenir des lettres de change. Il faut bien que vous ayez tost ou tard votre pension. L'oisiveté du camp de Strelem a été une belle occasion. Sa majesté m'a honoré de quelques lettres de ce camp. J'ay pris la liberté de luy parler de vous sans vous commettre. Le roy est bueno intendendor, et m'aura très bien compris. Mandez moi donc les premières bonnes nouv. que vous aurez. Bonsoir, je vais souper.