1741-05-18, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Augustin Calmet.

Je croirois manquer au deuoir le plus sacré Mon Réuérend père si ie manquois à vous marquer ma reconoisance du bel ouurage qui paroit Enfin sous vn nom si respectable, qu'il vaut seul vne apologie.
Le peu de persones qui l'ont vu m'en paroisent déjà très satisfaites.

Ie n'étois pas en peine du succès d'un ouurage composé par vous, et anoncé sous votre nom, ie ne suis en peine que de sauoir coment la maison fera pour vous marquer sa reconoisance. La miene ne s'éfacera jamais de mon coeur, et n'abandonera jamais l'estime et la vénération que j'ay depuis longtems pour vous. C'est auec ces sentimens que i'ay l'honeur d'être mon Réuérend père, Votre très humble, et très obéissante seruante.

Breteüil Duchastellet

Come autant que l'on peut, il ne faut laiser aucune critique sans réponse, permetés moi de v͞s consulter sur vne dificulté qu'un des journalistes chargés de faire l'extrait du liure, m'a comuniqué. Il dit qu'il n'est pas clair et démontré que Thieri d'enfer, fils de Frederic de Bitche, soit le même que Thiery le diable ou du diable, que Jean de Bayon qui l'est le premier qui fasse vn seul et même home de ces 2 Thiery n'est pas vn auteur contemporain, que Richer auteur contemporain en parlant de Thieri du diable, tige de notre maison, ne dit point qu'il fut fils et frère des ducs de Loraine, circonstance qu'il n'est pas vraisemblable qu'il eût obmise, et qu'en fin on peut objecter qu'il y auoit en même tems en Loraine deux Thieris surnomés tous deux d'enfer ou du diable, l'un fils et frère des ducs et l'autre tige de notre maison. Ie ne doute pas que v͞s leuiés très aisément cette dificulté, et ie v͞s aurai la plus grande obligation si v͞s voulés bien me mettre àportée d'en doner la solution aux critiques.

M. de Voltaire me prie de vous faire mille très humbles complimens de sa part.