1741-02-24, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Pierre Louis Moreau de Maupertuis.

Si la petite querelle que v͞s m'aués fait Monsieur Est vne marque de votre amitié, elle me deuient chère, et ie v͞s en remercie.

J'espère que m. de Chambrier v͞s aura fait tenir mon liure. Ie lui en ai fait remettre aussi vn Exemplaire p͞r mr de Keizerling et vn p͞r mr Jordan, auxquels ie v͞s prie de le dire. I'espère que v͞s m'en manderés votre auis, v͞s Etes accoutumé à m'instruire et ie mérite que v͞s continuiés puisque ie receurai vos auis auec autant de docilité que de reconnoissance. Ie parle dans un chapitre de mon liure de la force des Corps et i'examine dans ce chapitre quelques raisonemens du mémoire de m. de Mairan dont ie crois v͞s auoir parlé dans quelques vnes de mes lettres pendant que v͞s Etiés à st Malo en 1738. On me mande aujourd'hui de Paris que m. de Mairan m'a répondu. Si v͞s voulés ie v͞s Enuerai sa réponse.

Ie suis à la suite de mon maudit procès, qui me tourne la tête, et qui fait grand tort à la géométrie et à la métaphisique. Ie crois que pendant les absences du roy v͞s résolués bien des problèmes. Ie voudrois Etre digne que v͞s me fissiés part de vos occupations, mais i'aurois besoin de votre présence p͞r en profiter. Soyés je v͞s prie bien sûr que je serai toute ma vie la même p͞r v͞s, et que i'auois Espéré et que j'espère encore que les petits nuages qui ont Eté Entre n͞s ne seruiront qu'à resserrer vne amitié qui me sera toujours chère.

M. de Voltaire v͞s fait les plus tendres complimens.