à Berlin, ce 31 janvier 1741
Mon cher Voltaire, vous croyez qu'on fait des vers comme vous, et c'est ce qui vous trompe.
Les muses ne sont guère amies de la fatigue; lorsqu'on les promène trop de jour, elles s'endorment le soir; enfin depuis quelques temps je les trouve d'une paresse incroyable. Si vous avez nagé au travers des eaux, j'ai gravité dans les boues, avec la seule différence que je courais moins de risque dans les campagnes fangeuses de la Silésie que vous dans les marais inondés de la Hollande. Adieu! je vous quitte pour cette fois: écrivez moi souvent et sachez qu'indépendamment de mes occupations vos lettres me font toujours plaisir.
Federic